La vie ce n’est pas ça

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15 janvier 2016. Je trouve que depuis mon arrivée, ma psy va beaucoup mieux et je suis assez satisfait de sa progression, même si elle a le chemin à parcourir est encore long. Pour avancer vite rien de tel que de courir. Je lui explique que ce que j’attends de la vie, c’est de vivre mes rêves, quitte à parfois me perdre. Elle me répond que ce n’est pas ça la vie, qu’on ne peut vivre toujours sur un mode passionnel, que c’est aussi se contenter d’une certaine normalité.

Je ne suis pas certain que c’est de cette  normalité que se nourrissent les poètes, les résistants, et les gens de raisons. Y a-t-il un milieu entre l’indifférence, l’acquisition, le train-train quotidien et la soif de justice, la contemplation et l’envie d’amour vivant de mille feux ? C’est un choix politique et poétique que ne pas me satisfaire de cet injuste entre deux. Et j’ai vécu de si beaux moments, de passion amoureuse, de partages d’instants, de sensuels touchers, de don de soie, de cimes ensoleillées que je ne saurais me plaire en une stabilité capitaliste, destructrice et consommatrice. Rose incarne pour moi la beauté et l’envie d’un monde juste meilleur mon idéal révolutionnaire.

Aujourd’hui, j’ai appelé Laurence, une amie qui a souvent été là pour moi à des moments délicats, où je devais faire des choix. A me tenir en équilibre, en parade, quand je ne savais vers quel chemin basculer. J’ai vu, avant qu’elle m’accompagne  ici, le sourire de Laurence s’effacer et sa mine se déconfire après qu’elle eut été informé sans ménagement _quel « management » ! Quel manège et boniments !_ que son activité dans l’entreprise avait fait son temps.  On lui a confié d’autres missions sans réelle utilité que de faire fonctionner la machine procédurière. Je sens Laurence peu disponible en cette fin de journée : «  On m’a confié un audit à réaliser sur la qualité et je suis charrette ». La qualité, évidemment, ça n’attend pas depuis qu’elle est devenue un produit de grande consommation. « Tu sais ce qu’on dit ici, à la clinique psychiatrique ? La vie, c’est pas ici. Tu y réfléchiras pour la prochaine fois». Je disais bien sur cela avec mon air amusé, à Laurence, désabusée. Mais si la vie n’est ni dans cette maison de santé, petite société à cœurs ouverts sans cesse renouvelées de hauts en bas, ni dans mon entreprise publique, ni dans un amour passionné, où est-elle ? Surement pas dans les hypermarchés, ni la télé qui nous vend et nous les vend… La vie c’est le vent, l’avis s’élevant. La vie, est-ce de regarder par la meurtrière à géométrie variable qu’offre à ses sujets la machinerie capitaliste sur son monde ? Où y-a-t-il une autre voie, à chercher dans le regard et les mots des hommes et les femmes, voltiger et rêver du hauts des montagnes ou regarder la salade grandir dans le potager.

Tu aimais quand je te massais les pieds, j’aimais te serrer fort dans mes bras.

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