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C’est un jeu

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C’est un jeu de l’oie,

Où la case départ revient, et puis revient,

A chaque fois, au même endroit.

C’est un solitaire,

Où tu es toujours trop loin,

A la fin.

C’est une réussite,

Où la dame de cœur, se découvre,

Et l’espoir s’en va.

C’est un labyrinthe,

Aux milles et un chemins,

Qui ne mènent à rien.

C’est un château de cartes,

Qui montre sa grandeur,

Le temps d’un souffle, d’une respiration.

C’est un colin maillard,

Mes yeux bandés,

Mais tu n’es plus là.

C’est une illusion,

Le temps d’un jeu,

Sans hasard, sans destin.

Une fois encore, à la case départ,

J’attends que le dé,

Me dise où aller.

Le directeur du théatre

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Le dernier métro était passé. Rose rentrait seule, avait traversé les 2 porches du Louvre avant de descendre sur le quai de la Seine. Elle n’était ni gaie ni triste. Juste troublée. Elle regardait les péniches fleuries en songeant au projet dont ils avaient parlé la soirée durant dans ce petit restaurant italien tout près de l’Eglise Saint-Eustache. Ils, c’était ses trois amis, Céline, Manu et Luis. Le projet, c’était celui de Luis, le directeur d’un petit théâtre qui respirait l’encens, la comédie, la fraternité et poésie. Il avait ce sourire joueur et généreux des latino-américains. Bien qu’en France depuis quarante ans, il avait un accent aux couleurs des Andes et un français approximatif qui lui donnait un irrésistible charme. Il avait côtoyé des artistes et poètes parmi les plus significatifs, et il avait à cœur de susciter les passions de faire découvrir les arts, la comédie, la littérature et d’encourager la création pour qui en exprimait le désir. Son théâtre était un lieu d’expression populaire. Il aimait rassembler autour de lui des personnes qu’il prenait le temps de choisir et de solliciter, lors de dîners qui se prolongeaient parfois tard dans la nuit, en rires, en débats, en danses et en chansons. Des artistes au mille créations, mais aussi des personnes sans talent apparent, sans bagage artistique, sans conscience d’une vocation créatrice. A priori. Des personnes animées simplement d’une envie vague, laissant apparaître une personnalité qu’il jugeait originale, une sensibilité qu’il trouvait évidente. Il proposait d’offrir à ces quelques gens qu’il tentait de réunir, la possibilité d’écrire, de jouer, de peindre, de créer. Qui une nouvelle, qui un court-métrage, qui un décor, qui une animation corporelle… 30 jours durant, ce groupe devait se réunir pour parler de ses écrits, de ses photographies pour raconter son quotidien, les rencontres respectives, anodines ou pas. Chacun ayant pour but de se nourrir de ces échanges, de ces discutions, de s’approprier le quotidien de l’autre pour animer ses propres personnages. Et créer. 

Rose contemplait les reflets de l’eau. Et puis cette rose à la proue d’un bateau. Elle était remplit d’émotion. Heureuse, elle pleurait. Elle avait une soudaine et frénétique envie d’écrire. Ecrire pour exister.

La péniche des Tuileries

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Je courrai sur les quais, mon esprit divaguait, amusé, porté par les émotions. Devant les péniches amarrées sous le jardin des Tuileries, le bouquet de fleurs posé à la proue de l’une d’elles arrêta mon regard. Il me fit réaliser soudainement pourquoi je l’avais nommée ainsi : Rose. L’inconscient a décidé pour moi. Ce prénom m’était apparu sans comprendre le pourquoi. Je ne crois avoir jamais connu de femme se prénommant ainsi. C’est donc la veille au même endroit, précisément, que je l’avais rencontré pour la première fois. Une rencontre étrange puisque, l’instant d’avant, Rose n’existait pas. Sans doute pas. Elle naissait devant moi de mes pensées soudaines, fruit de mon inconscient. Elle naissait et n’avait ni histoire, ni passé. Et un improbable avenir intimement lié à la paresse ou l’euphorie de l’auteur. Un destin lié à ses humeurs aussi, ses joies et ses tristesses, ses évasions mélancoliques. Je ne saurais dire à ce moment précis à quoi ressemble Rose. La vie m’aidera peut-être à la faire exister, à se réaliser. A l’insu sans doute, des compagnons de route, m’offrant innocemment quelque intimité, j’utiliserai vos personnes et les mènerai où bon me semble, revenant vers vous pour quelque rendez-vous. Rose n’a pas d’histoire, mais elle un point de départ. Les quais de la Seine, quelque part entre les péniches amarrées et le jardin des Tuileries…

 

 

Etre et lavoirs

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Avoir et être bien,
Avoir et n’être rien,
Naître et avoir,
Etre pour Avoir,
Avoir des biens, et l’être ,
Avoir du bien-être,
Avoir est-ce bien naître ?
Est-ce bien être qu’avoir ?
Avoir pour paraître,
Etre sans savoir,
Etre sans avoirs,
Avoir mal ou mal-être,
N’avoir ni dieu ni maître,
Savoir du maître,
Mettre du savoir,
Quêter pour avoir,
Qu’être pour avoir ?
Fut-il été à voir ?
Faut-il avoir été ?
Futile avoir, fut-il Etre ?
Sans avoir n’être rien,
Sans espoir être bien,
Etre las de n’avoir,
Rien été,

Etre eu et avoir été,
Se faire avoir l’été,
A voir l’été…
Avoir fêté,
Fait est de n’avoir su,
La voir, être ami,
Etre à mille avoirs,
Etre bien à voir l’être,
Etre un savoir,
Avoir des lettres,
Et des savoirs, et des lettres,
Une lettre, un avoir ?
Battre au lavoir l’été,
Paraître sans le savoir,
Ni même savoir naître,
Ni même paraître avoir,
N’avoir pas pu paraître,
N’avoir pu par lettre,
Puis-ce-t-elle être lue ?
Etre, va savoir,
Etre ou avoir ?
S’avoir s’arrêter,
Au point de savoir être,
Au point d’avoir été. Ou pas.

La vie ce n’est pas ça

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15 janvier 2016. Je trouve que depuis mon arrivée, ma psy va beaucoup mieux et je suis assez satisfait de sa progression, même si elle a le chemin à parcourir est encore long. Pour avancer vite rien de tel que de courir. Je lui explique que ce que j’attends de la vie, c’est de vivre mes rêves, quitte à parfois me perdre. Elle me répond que ce n’est pas ça la vie, qu’on ne peut vivre toujours sur un mode passionnel, que c’est aussi se contenter d’une certaine normalité.

Je ne suis pas certain que c’est de cette  normalité que se nourrissent les poètes, les résistants, et les gens de raisons. Y a-t-il un milieu entre l’indifférence, l’acquisition, le train-train quotidien et la soif de justice, la contemplation et l’envie d’amour vivant de mille feux ? C’est un choix politique et poétique que ne pas me satisfaire de cet injuste entre deux. Et j’ai vécu de si beaux moments, de passion amoureuse, de partages d’instants, de sensuels touchers, de don de soie, de cimes ensoleillées que je ne saurais me plaire en une stabilité capitaliste, destructrice et consommatrice. Rose incarne pour moi la beauté et l’envie d’un monde juste meilleur mon idéal révolutionnaire.

Aujourd’hui, j’ai appelé Laurence, une amie qui a souvent été là pour moi à des moments délicats, où je devais faire des choix. A me tenir en équilibre, en parade, quand je ne savais vers quel chemin basculer. J’ai vu, avant qu’elle m’accompagne  ici, le sourire de Laurence s’effacer et sa mine se déconfire après qu’elle eut été informé sans ménagement _quel « management » ! Quel manège et boniments !_ que son activité dans l’entreprise avait fait son temps.  On lui a confié d’autres missions sans réelle utilité que de faire fonctionner la machine procédurière. Je sens Laurence peu disponible en cette fin de journée : «  On m’a confié un audit à réaliser sur la qualité et je suis charrette ». La qualité, évidemment, ça n’attend pas depuis qu’elle est devenue un produit de grande consommation. « Tu sais ce qu’on dit ici, à la clinique psychiatrique ? La vie, c’est pas ici. Tu y réfléchiras pour la prochaine fois». Je disais bien sur cela avec mon air amusé, à Laurence, désabusée. Mais si la vie n’est ni dans cette maison de santé, petite société à cœurs ouverts sans cesse renouvelées de hauts en bas, ni dans mon entreprise publique, ni dans un amour passionné, où est-elle ? Surement pas dans les hypermarchés, ni la télé qui nous vend et nous les vend… La vie c’est le vent, l’avis s’élevant. La vie, est-ce de regarder par la meurtrière à géométrie variable qu’offre à ses sujets la machinerie capitaliste sur son monde ? Où y-a-t-il une autre voie, à chercher dans le regard et les mots des hommes et les femmes, voltiger et rêver du hauts des montagnes ou regarder la salade grandir dans le potager.

Tu aimais quand je te massais les pieds, j’aimais te serrer fort dans mes bras.

Conte pour ceux qui comptent

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Ne le dérangez pas,

Il cherche,

Elle recalcule,

Ils traquent,

Elles guettent.

Mais où s’est–elle donc cachée,

Cette inlassable et minutieuse farceuse   ?

Telle une chatte,

Elle s’est glissée,

Sur la pointe des pieds,

Doucement,

Sournoisement,

Profitant d’un instant,

D’un éternuement.

Maintenant elle attend,

Que l’édifice se construise,

Patiemment.

Elle attend avec délice,

Et beaucoup de malice,

L’heure du résultat,

Celle du bilan.

 Patatras !

Conséquence de cela,

A l’heure juste,

Les trains ne se croiseront pas,

La fuite de robinet se fera torrent,

Le débit ne sera pas crédible,

L’actif et le passif ne se rejoindront pas.

Les bons amis se feront ennemis.

Il a respiré un bon coup,

Elle s’est armée de patience,

Ne les dérangez pas,

Elles cogitent,

Il compte,

Elle s’échine,

Ils trépignent,

Mais où s’est–elle donc cachée,

Cette inlassable et minutieuse farceuse   ?

La retenue.

Merci mon général

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Hier sur le trottoir, j’ai rencontré,

Un général des armées.

Un vieux général,

En 1930 il était né,

Un 2 avril il m’a précisé.

C’est lui qui m’a abordé,

Il était seul depuis 14 heures.

Il m’a raconté une histoire,

Son histoire peut-être,

Je n’en suis pas sur.

Ca n’a pas d’importance.

Mon général venait de Nice,

Pour la première fois à Paris,

Depuis 33 ans, depuis 33 ans.

Il venait voir des amis,

Je ne sais pas trop,

Je n’ai pas trop compris.

Il faut dire que Mon général est laotien,

Et qu’il a un foutu accent,

Du vocabulaire,

Mais pas de grammaire.

Ces yeux trainaient sur le sol,

Je ne les ai guère croisés.

Il s’appelle Michel,

Ancien général de l’armée française,

Général 4 étoiles il m’a précisé.

Arrivé à la gare de Lyon,

Michel devait se rendre à l’hôtel,

Et y attendre sa famille,

Pour séjourner jusqu‘à mercredi.

Michel, n’est jamais arrivé à l’hôtel,

Il s’est fait agressé,

Par 3 types qui lui ont tout volé.

Des lâches a-t-il précisé.

A l’Hôpital Saint Antoine,

Ils lui ont annoncé,

Que deux doigts ils devaient lui couper.

Mon Général a dit : « Madame, faites votre devoir ! »

Et puis, à 14 heures,

Michel a quitté l’hôpital,

Et il s’est senti seul, dans Paris,

En plein après-midi.

Il n’avait plus d’amis,

Ils sont tous partis.

Un appel en PCV à sa sœur d’Orléans,

Qui lui dit : « Michel,

Il faut que tu parles à quelqu’un

De bonne éducation »

« Tu es de bonne éducation, Jean-Michel »  me dit-il.

« J’aimerai garder notre amitié. »

Mon général me raconte qu’en 1954,

Il était à Dien Bien Phu,

Avec Bigeard et je ne sais plus qui.

Peut-être cet homme a du sang sur les mains,

Mais je ne vois qu’un vieil homme,

Avec une veste défraichie,

Et deux vieux insignes épinglés.

Michel me dit qu’il écrit un livre,

De mille cinq cents pages,

Sur le Laos.

J’ai oublié le titre.

Il me l’enverra.

Mon général se raidit,

Lorsque je souris,

Quand il me dit que 4 étoiles il a,

Quand De Gaulle en personne n’en avait que deux.

« Pourquoi rigoles-tu » me-fait-il ?

Alors il m’explique que De gaulle a assassiné Leclerc (3 étoiles !!!),

Que c’est lui qui a mis une bombe dans l’avion,

Qui s’est écrasé.

Concurrent du pouvoir.

Il me raconte également que c’est Mitterand,

Qui a assassiné Bérégovoy,

Que Balladur était au courant.

Mon général est un as du renseignement …

Puis il me reparle d’Orléans,

De sa sœur, médecin,

Je lui demande ce dont il a besoin,

D’un billet de train ?

Il me répond que ce billet coûte 16 euros 80,

Qu’il me les remboursera.

Nous allons chercher de l’argent,

Et je lui tends ce présent.

Michel me donne son adresse,

Me dit qu’il a 4 restaurants à Nice,

Que je suis le bienvenu.

Je lui donne la mienne.

Il me remercie.

Je le remercie de cette rencontre,

de cette heure passée.

Et nous nous quittons,

Après une franche poignée de mains.

Je suis naïf me direz-vous ?

Peut-être, peut-être pas …

 Merci mon général.

Mon encre à fleur de peau

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J’ai pris ma plus belle plume,
Pour rêver sur ta peau.
D’acier elle plonge, froide,
Doucement,
Dans le bleu de l’encrier.

Ton corps est parfumé,
Tes ongles vernis,
Tes yeux maquillés.

La flamme danse, tangue,
Bercement agité par mon souffle léger.
L’essence lentement enivre nos sens,
D’odeurs épicées, de parfum de bougie.
Des rideaux vaporeux s’extraient,
Des lueurs tamisées,
Et portent sur ton dos, nu, huilé,
Des ombres délicates et tremblantes.
Un voilage de soie recouvre ta croupe,
Délicieusement.
Je la contemple. Malicieusement.

Tes mains liées par un ruban de soie,
Rouge sang,
Se font si lascives,
Résignées,
Ton corps prêt à s’abandonner.

D’une main je soulève,
Ta féline crinière.
De l’autre j’approche ma divine plume,
Sur ton cou dégagé.
Tu courbes l’échine,
Sers les poings,
Et tes lèvres te mordilles.

Une perle d’encre bleue vient s’y déposer,
Empruntant le sillon creusé par ma plume,
Telle l’eau qui chemine,
A l’heure de la marée,
Vient dessiner une lettre,
La première de l’alphabet.
Ecrite en majuscule,
Elle trahit mes pensées,
Ma passion exaltée,
Oh, ma femme adorée.

Amour.

Je te regarde,
Tu es exquise.
Pour te faire frissonner,
De la pulpe du doigt,
J’accentue la pression,
Recherchant l’équilibre,
Quand la douleur naît,
Et le plaisir ultime,
Belle et jouissive limite,
A juste atteindre,
Et ne pas dépasser.

La musique s’est arrêtée,
Il n’y a plus que nos souffles,
Que nos respirations,
Et tes doux gémissements.

Ma poésie s’écrie,
Désormais sur ta peau,
Ta silhouette élégante,
En courbes exquises,
En mots bleus et rouges,
En lettres rouge sang.
Je t’aime et te désire,
Oh ma douce beauté.

Et ce voile de soie,
Et les ombres portées,
Les reflets balançant,
Cachent coquinement,
Le plus précieux de toi,
Ce bel écrin divin.
Tu es belle dans l’intimité.

Comment ne pas vouloir gouter à présent,
Ton corps frissonnant,
Connaitre le gout de ta bouche, de ta langue,
De ta sêve, de tes baisers ?
Je récite sur ton dos,
En long, en large et en baisers.
Douceurs de peau, douceur de lèvres,
Indécente volupté.

La soie glisse,
Tes liens se délient,
Tes poignets se délassent,
Tes merveilles s’ouvrent et se découvrent,
Et la soie qlisse en long supplice.
Mes mains serpentent et semblent s’égarer,
Moi, fébrile, charmé, émerveillé,
Devant tant de beauté.
Je sens en moi tes ongles se crisper.

Et puis les mots s’emmêlent,
Les couleurs se mélangent,
Aux odeurs de nos sueurs,
De nos parfums, de nos baisers,
Aux goûts de nos écumes.

Sous l’effet de la marée.
Nous dansons un tango,
Dans un rythme effréné,
Tel le ressac nos corps s’attirent,
Et se repoussent,
Dans les vagues, fortes,
Nous sommes chahutés.
Je te prends, fort,
Pour te retenir,
Tes griffes en moi s’agrippent,
Je les sens jusqu’à mon âme s’enfoncer.

Fin de la tempête.

Beauté des sexes mélangés,
Chaleur de ton corps blotti,
Douceurs susurrées,
Et sur ton dos tatoué,
Ma poésie pudiquement drapée,
D’un fin linge de soie.

Cette nuit encore je t’aime,
Nous nous sommes tant aimés,
A fleur de peau,
Comme une première fois.

Sur le bureau, près de l’encrier,
Ma plus belle plume,
Et une feuille de papier

Un costume trop grand

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Dans toutes les entreprises de France et de Navarre,

Il y a des gens, à qui un doux refrain vient murmurer aux oreilles,

Qu’il est temps d’endosser quelques responsabilités.

On souhaite leur confier l’encadrement d’une équipe.

Cette tâche leur fait souvent un peu peur, ils rechignent parfois,

Mais pour les motiver, on leur fait miroiter,

Pour le prochain printemps, sur les fraises un peu de crème fouettée.

 

On leur parle carrière, ambition, évolution professionnelle.

Certains résistent, doutant de la qualité du fruit.

Lorsqu’on les juge très travailleurs, obstinés et dociles,

On leur promet de napper le dessert de chocolat,

A condition de voir la courbe progresser,

De 15% à 20 % cette l’année.

 

Voilà donc nos responsables, nos capitaines, nos premiers de cordée.

Certains partent d’un pas zélé vers les neiges éternelles,

Souhaitant être les premiers à trouver l’edelweiss,

Huant, criant « qui m’aime me suive »,

D’autres ont l’ambition modeste de s’entourer d’une équipe, d’un groupe de copains,

Qui ensemble fera son chemin.

 

Très vite, on va leur montrer la courbe,

Leur demander 30 puis 50%.

Dans la cordée, il y a du mou à certains endroits,

A d’autres, ça se tend.

Derrière le premier, on s’aide parfois. Il arrive que ça rouspette.

Le chef des fois fait la sourde oreille. Des fois il engueule ceux qui traînent.

Ca dépend. Certains veulent absolument goûter au chocolat,

D’autres ne souhaitent que conserver la tête de la cordée,

Qui leur a été confiée.

 

Jamais personne n’a le temps de savoir,

Ce qui pourrait permettre au groupe de mieux avancer.

Personne ne songe plus que la cordée pourrait par exemple ralentir,

Pour avancer plus régulièrement. Personne ne pense plus.

Dans tous les cas, la discorde finit par envahir le groupe,

Les plus « faciles » rejettent les faibles maillons,

Ou les plus malins désignent le fragile et idéal coupable.

 

Le chef ne sait plus que faire,

Ses instructions lui disent d’accélérer.

Il ne peut prendre le temps,

D’analyser la situation.

Et là il comprend.

 

Il regarde ses manches.

Le costume qu’on lui a remit était un peu trop grand pour lui.

On ne lui a jamais demandé de faire au mieux avec cette équipe là,

Mais d’accélérer, d’accélérer, d’accélérer…

Il va commettre l’irréparable, regarder les doigts tendus,

Et sortir de la cordée l’homme fragile qui a été désigné.

 

Cet homme dont personne n’a pris le temps de savoir pourquoi,

Il n’arrive à suivre le rythme des premiers,

Et à respecter la consigne pourtant réitérée:

Accélérez, accélerez, accélerez…

 

Le groupe repartira, sans doute un peu plus vite,

Mais alors chacun saura,

Ce qu’il peut lui arriver si la corde venait à se tendre,

Et se détendre.

Le chef, lui, regarde de nouveau la cime, la tête haute,

Avec son costume décidemment trop grand pour lui.

 

A Philippe…

Jihem, 2008

Histoires de mots et mot d’histoires

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Il y a les mots de trop, les mots de pas assez,

Il y a les mots qu’on dit comme ça,

Ceux qu’on n’a pas su dire,

Ceux qu’on ne dit pas,

Ceux qu’on aurait voulu dire.

Il y a les mots qui passent comme ça,

Ceux qu’on a oubliés,

Ceux qu’on n’oublie pas,

Ceux qu’on n’entend pas et celui qui vous blesse.

Il y a les mots d’amour,

Les mots de tous les jours.

Il y a les jeux de mots,

Il y a les mots des ébats,

Les mots des débats.

Il y a les mots câlins,

Les mots coquins,

Qu’on dit en rougissant,

Ou pas.

Il n’y a pas de guerre sans mots.

Il y a les ordres,

Et les mots d’ordre.

Il y a les mots qui grondent,

Ceux de la colère,

Ceux de la révolte.

Les mots d’orgueil, d’humilité,

Ou, de lâcheté.

Il y a ceux qui savent, les mots,

Ceux qui font comme si, ou comme ça.

Il y a ceux que l’on cite,

Et ceux qui irritent,

Les propos, les quiproquos.

Il y a ces mots d’enfants,

Et ceux qu’on leur adresse,

Les mots de l’ouvrier,

Ceux du paysan.

Il y a les mots châtiés,

Les mots de charretier.

Il y a les à peu près,

Les mots de travers,

Les mots de traverses.

Il y ces mots qui tournent autour de moi,

Des mots de toutes les couleurs,

Comme autant de lueurs.

Mais il est temps que je vous laisse,

Jouer avec les mots,

Trouver les vôtres,

Selon votre heure ou votre humeur.