Ephémère

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Ils sont éphémères,

Mais ils sont si beaux,

Ces moments-là,

Cet instant,

Où du frottement des pierres,

Surgit l’étincelle.

Cette fumée sortie,

De mes doigts enduits de souffre,

Cette coccinelle,

Qui se pose ici.

L’éphémère est parfois magique,

Féérique.

Il est parfois si beau, si intense,

Qu’on aimerait le retenir,

Mais il ne vous appartient pas,

Et il vous fuira.

L’éphémère est libre,

Il faut l’accepter ainsi,

Et savoir apprendre,

S’imprégner,

De ces moments-là,

Que l’on a cherchés parfois,

Et qui vous surprennent pourtant.

Cette vague sur le rocher

Ce regard que l’on croise et que l’on n’oublie pas,

Une matière, un carré de soie,

Ou ces mots qui le sont parfois,

Ephémères.

Si mon verbe ne vous parle pas,

Alors ne cherchez pas,

Vous ne me comprendrez pas.

Je suis comme ça,

Personnage de l’instant,

Ame navigatrice,

Cueilleur d’étoile.

Ce matin, ma planète s’est faite silence.

Rose est malade

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Hier, la journée fut triste. Rose est malade. Malade de la tristesse qui la ronge. De ses peurs qui l’empêchent d’agir. Malade de ne supporter la moindre frustration telle une petite fille qu’elle est un peu restée. Rose ne rêve pas d’ors, ni de richesses matérielles ; elle rêve d’une vie simple à la campagne. Rose rêve du bonheur comme une cime qu’il faut atteindre et non comme la conséquence de la réalisation de soi. Mais Rose a peur, d’une peur profonde et d’origine lointaine. Peur d’échouer et d’être dans le besoin. Et c’est son corps qui a réagi à ses maux. Il y a  quelques semaines Rose a appris qu’elle a un cancer. Et elle a choisi de s’isoler davantage. Puisqu’elle n’arrivait pas à décider de sa vie, alors il lui fallait un coupable. Ce coupable idéal, c’était moi.

Je suis parti tôt ce matin. Je traversai le pays à la recherche de Rose. Je savais ce rendez-vous improbable. Rose était fâchée. Et elle souhaitait faire disparaître la moindre trace de moi. Quitte à s’annihiler  elle-même avec mes dernières encres. A moins que ce ne soit moi qui m’efface derrière mon inaccessible et absolu désir de Rose.  Je m’accrochais à mon personnage comme si ma propre existence était désormais entre ses mains. Je ne sais plus, j’ai perdu mes repères. Et Rose, que je crois née de mon imagination, est maintenant l’amour d’une vie. Oui je crois… Et Rose est en danger, et Rose souhaite décider de son destin. Seule !

Je descendais du train. Le temps au dehors était maussade. De fortes pluies étaient annoncées pour la journée. En quête de mon chemin, j’accostais les gens au milieu de la gare routière. Je voulais retrouver Rose au centre de traitement du cancer où elle devait guérir son mal. J’étais désormais trempé mais là n’était pas l’essentiel. Ayant sans doute pitié de moi, un vieux monsieur se proposa de m’accompagner. Sa gentillesse était une aubaine, et elle me permit d’arriver tôt. Rose ne m’attendait pas. Vraiment pas. Je me renseignais et j’appris que son traitement ne débutait que le lendemain. J’en voulu à mon imagination qui décidemment se rebellait contre moi. Je lui en voulais de ce rendez-vous manqué. Mon imagination ou peut-être la réalité. Je doutais désormais de ma propre existence…

Il pleuvait dru à présent. Et l’eau glacée sur ma peau et le coton mouillé éloignaient mes doutes pour un moment. Je ne rêvais pas. Je repartais vers son domicile, à pied. Il devait bien avoir une vingtaine de kilomètres à parcourir. L’important, c’était Rose, rien que rose. Le froid n’était rien. J’avais bien failli mourir pour elle quelques mois auparavant…

Une voiture s’arrêta, puis une autre, puis une autre comme si elles s’étaient donné le mot, solidaires, pour m’emmener au rendez-vous. Le trajet fut plus facile que Zeus semblait l’avoir décidé. Je devais faire de la peine avec mon pantalon assombri par les masses d’eau absorbées. Je me retrouvais ainsi, peu séduisant, derrière le portail de Rose. Je l’appelais mais elle semblait absente. J’attendais donc, mes os se glaçant et mes vêtements ne pouvant plus éponger la pluie incessante.

Une heure plus tard, un taxi déposait Rose au bout de la rue. Elle fut surprise de me voir. L’échange fut bref. Elle avait regroupé tout ce qui lui venait de moi et me demandait de le reprendre. Je refusais. Mon récit ne pouvait s’arrêter ainsi. Je mis rapidement des vêtements secs à l’abri du mauvais temps et repris la route, piteusement. Les éclairs s’étaient ajoutés à la fête.

Mon héroïne me repoussait. J’étais abattu. Mais je la savais vivante.

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Lettre à Sidonie

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On se connait si peu,

Et pourtant ton regard si émouvant,

A de toi faite une amie,

Quelqu’un,  quelqu’une, de chère,

Qu’on est prêt, près, à aimer,

A aider, si besoin.

A être là, un instant, un moment,

Une minute ou un an,

S’il t’arrive d’être las,

Un jour, ou pas.

J’espère qu’on partagera tes rires,

Aussi, tes joies, tes émois,

Ta tendresse à donner,

Et à prendre,

A partager.

Oiseau sensible pose toi,

Repose-toi.

Tu as les larmes si belles,

Ta détresse si touchante,

Qu’il me tient d’en attendre la suite,

Ta suite, le moment suivant.,

Ce que tu vas construire maintenant.

Je serai patient, moi l’impatient.

Que dis-je ?

Je suis patient, ici, las, en ce moment.

Où les mots et leurs sens,

Se mêlent, et s’emmêlent,

Et se rendent compte, à contre sens,

Comme nos âmes ici côtes à côtes,

Si proches puis fuyantes par instants,

Grisants, ou troublants,

De rires de pleurs et de mélancolies

Blasés et enlacés.

Tu es venue une fois,

Pour un peut-être rien,

Où peut-être fuir,

Et tu reviens,

Pour construire.

Cette étape-là,

Ne la rate pas,

La marche n’est pas si haute que cela,

Et ce n’est qu’une étape,

A franchir,

Imagine, la,

Dessine-la,

Petite princesse,

Et joue-la, à saute-mouton,

Regarde-la,

Comme une chose de réalisable, Pour TOI.

Des étapes, il y en aura d’autres, puis d’autres,

Puis d’autres,

Et tu graviras,

Mais accorde-toi du temps,

Pour celle-là.

Juste celle-là.

Sans oublier tes rêves pour t’y porter.

Sans oublier tes rêves, tes amours,

Et tes amitiés.

Et, s’il tu en sens le besoin,

Mon amitié.

A Sidonie, un matin où une année s’éteint.

Un soir à Nice

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On s’est connu un soir,
J’étais assis là,
En face des musiciens,
Juste à la table ronde.
 
On s’est connu un soir,
Toi en face, dans le canapé de cuir,
Juste à l’arrière,
D’un batteur hors pair.
 
On s’est connu un soir,
Nos yeux se sont croisés,
Prenant un air de rien
Qui donc a commencé ?
 
On s’est connu un soir,
Au milieu des lumières,
Vertes, rouges, bleues et noires,
Moi noyant mon désespoir.
 
On s’est connu un soir,
Tu es venu à moi,
M’as demandé de veiller,
Ton amie endormie.
 
On s’est connu un soir,
Et puis on est parti,
Sur un son de guitare,
Tu m’as raccompagné.
 
On s’est connu un soir,
Sur un banc,
Face à la mer,
On s’est raconté, tu riais.
 
On s’est connu un soir,
On s’est serré, On s’est mêlé,
Je partais tôt,
Il était tard, tu riais.
 
On s’est connu un soir,
A l’aube j’ai pris mon chemin,
Au rythme de la basse et du train.
 
On s’est connu juste un soir,
J’étais assis là,
Toi juste en face,
Que deviens-tu ?

Humeur de mer

La mer est si belle ce soir. Le flot des gens si perméable. Sur les collines quelques nuages sombres font ressortir le jaune oranger du soleil. Habit d’automne. Et la mer si claire émet un son presque régulier, voluptueux. Les brouhahas d’accents et de moteurs me rappellent qu’il y a des hommes et des femmes là. Qui vont, viennent, allez savoir pourquoi.

Je  vous aime

IMG_20170226_1126454 janvier 2016. La nuit a été bonne et pourtant le voile de tristesse qui s’était abattu sur ma solitude ne s’est pas évaporé. Profitant de mon sommeil sans doute voyageur, il m’a lentement enveloppé, s’est dilué en moi, a serpenté dans mes veines et toutes les voies de mon corps.  Je me réveille sans forces, en sombre solitude, sans quelque espoir vers lequel m’élever. Mes bronches oppressées peinent à s’ouvrir à la vie.

Et puis il me revient à l’esprit le jour de la semaine qui s’éveille : Nous sommes mardi ! Encore quelques dizaines de minutes et c’est Laura qui viendra m’apporter la pilule magique prescrite pour redresser mon âme déconfite. Laura est mon infirmière préférée. Elle a un doux sourire rieur et enchanteur et de jolis yeux bleus. C’est elle qui a accompagné mon arrivée, toute bienveillante et apaisante jusqu’à la porte de ma chambre à l’étage sus nommé « Les Magnolias », emprunté à celui d’une ruelle du quartier. Je reste sous le charme de sa beauté naturelle et sans fard, et de son éclatante gentillesse. Comme bien d’autres patients ici là, victimes parfois innocentes de paradis illusoires ou perdus.

C’est un prétexte, mais il me tient à cœur soudain de me faire élégant avant son arrivée. Façon de tenter de m’extirper de ma torpeur et de vaincre la néfaste et fantomatique emprise mélancolique. Rapidement, je range mes affaires à même le sol négligemment posées, borde mon lit et file sous la douche accompagné d’une musique rythmée. Cette détermination soudaine et porté par l’ivresse des nuages d’eau chaude, je pars en souvenirs passés de coureur à pied dévalant montagnes et vallées.

C’était à la fin août il y a un an et demi sur les hauteurs de Courmayeur, ville frontière italienne à quelques kilomètres de Chamonix par le tunnel du Mont-Blanc, séparés par ce grand majestueux au chapeau blanc si l’on décide d’enjamber en bottes de sept lieux ou plus modestement en cordée.  Je ne suis pas montagnard et sujet de vertiges, j’avais décidé plus raisonnablement d’en faire le tour et, comme beaucoup d’autres adeptes, de partir à la quête du graal de tous les coureurs de montagne confirmés : l’épreuve au nom pompeux d’Ultra Trail du Mont-Blanc. Le départ avait été donné comme chaque année devant la place de l’église de la capitale des guides, la luxueuse ville de Chamonix. La musique de Vangelis et les hourras du public avaient offert à l’évènement une dramaturgie, faisant raisonner les cœurs des 2300 coureurs, la peur au ventre et les battements hauts, se croyant soudain d’authentiques héros. 2300 égos traversaient la grande rue en un long cortège humide et chamarré. Certains, pour quelque temps encore, avait la jambe légère et la foulée leste.  C’était ma troisième participation. C’était à Chamonix que je l’avais rencontrée pour la première fois 5 ans auparavant, son regard doux et réservé ses longs cheveux frisés, son haut orange côtelé sur sa belle minceur et son jean ourlé un peu délavé.  J’étais déjà charmé, et à l’aube d’un amour naissant. Celui d’une vie. L’amour de ma vie.

Le soleil était pourtant là ce midi d’été et le ciel d’azur à présent. La montée sur le chalet Bertone fut une marche forcée et je vis sans pouvoir m’accrocher les concurrents de toutes nationalités me dépasser, toujours bien équipés et aux tenues colorées. Mes pas était lourds et le planté des bâtons harassant. Mon sac était de plomb mais il pesait bien moins que mes pensées. La descente sur Courmayeur fut un soulagement après les décors si beau de l’autre versant du Mont-Blanc au-dessus du lac Combal, à la lumière du matin. Elle annonçait le ravitaillement et le vestiaire pour refaire recomposer le sac, soigner les pieds et faire un petit repas. La pause fut de courte durée. Rapidement ressorti du gymnase, les applaudissements des transalpins parvenaient avec peine à m’extirper un sourire peu vaillant, en guise de gratitude, moi d’habitude si enjoué. Mais la tête était résolument portée vers d’autres préoccupations. Cela faisant maintenant 20 heures que nous courrions, nous avions connu la pluie et le froid dans la nuit sur le col du Bonhomme puis de la Seyne sous quelques flocons, mais je ne pensais qu’à toi que je savais triste, en perdition, loin de ces montagnes que tu aimes tant, et alors que tu avais décidé soudainement de notre séparation. Mes nuits précédentes avaient aussi été de blanc vêtues et emplies de folles inquiétudes.  Comment allais-tu ? Nous aurions dû venir tous les deux à Chamonix et c’était si dur et si vide sans toi. Passé Bertone le long chemin pour aller vers le refuge Bonatti offre de longues portions sans grand relief. Et pourtant c’est l’endroit où mes forces et ma vaillance me quittèrent. Je m’allongeais dans l’herbe et m’endormais. La course était finie pour moi.

Je me réveillais cinq, dix ou vingt minutes après. L’herbe qui constituait ma couche était belle et bien verte et le soleil radieux. Je repartais sur le sentier. Il fallait de toute façon rejoindre Arnuva à quelques heures de là, et personne ne viendrait me chercher à l’endroit de mon réveil. Chemin faisant, je repartais avec des ressources nouvelles et l’âme plus légère et plus décidée. Je retrouvais peu à peu les forces physiques et l’envie jusqu’alors noyées dans ma détresse, mes inquiétudes et mon chagrin. Je sentis un parfum de femme passer à côté de moi. Elle était grande et sa silhouette harmonieuse, sa chevelure cuivrée. Elle portait une jupe anthracite et un haut cintré rose et noir. Je décidais de m’accrocher à ces pas, séduit et amusé.  Elle était mon prétexte pour mieux me relancer. Comme Laura ce matin.

« Et si j’arrivais finalement dans les délais à Arnuva ? » Me dis-je alors ? Nous arrivions à la courte mais dure montée qui mène au refuge Bonatti. Je cédais quelques mètres. Je repartais avant la longiligne et belle rousse sans avoir vu son visage. Le rythme était bon et régulier comme me le fit remarquer une japonaise au sourire discret et délicieux qui prit le fil de ma foulée. Je réglais mon allure à son souffle et aux lointains battements de son cœur. Nous faisions corps ainsi pendant quelque temps, puis les mètres nous séparant finirent par s’étirer. J’arrivais à Arnuva, ému et décidé. Elle avait joint les mains en joignant pour me signifier son remerciement.  Il était de temps d’amorcer la longue et lente montée menant au Grand Col Ferret, au sommet un rendez-vous j’avais fixé. J’étais déterminé. Vite, le temps de se revêtir d’habits chauds, je repartais quelques minutes avant les derniers délais. Désormais, j’avais l’idée fixe de franchir cette étape qui revêtait pour moi de la plus haute importance. Les derniers hectomètres se firent dans le jour baissant, la bruine, le froid, le vent et un léger brouillard. Et puis j’entrevis la tente du point de contrôle.  J’étais au rendez-vous et j’adressai un message à celle que j’aimais effleurant mon vieux téléphone de la pulpe des doigts. La pancarte devant moi indiquait « Grand Col Ferret – 2537 m ». Je lui disais un dernier je t’aime, mes mains gelés et mon corps se glaçant. Ces quelques mots d’amour et d’émotion m’avaient là-haut. Ils étaient ma raison d’être et toute mon énergie à cet instant précis.

Je remis mes gants et m’élançais dans la descente. J’étais dans la course maintenant et plus rien ne pouvait désormais m’arrêter. J’arrivais à Chamonix le lendemain, tapant dans les mains tendues par la foule, jusqu’à la ligne. L’autre présent d’amour que j’avais adressé était un grand bol rouge. J’avais acquis deux poteries identiques dans une petite boutique du centre-ville. J’espérais sans trop y croire qu’un jour les deux bols rouges se retrouveraient.

Quelques semaines plus tard, les deux bols trônaient sur la petite étagère de la cuisine, dans sa maison… Et nous partagerions encore nombre de moments calmes et paisibles, de décors majestueux de cimes, de forêts de montagnes, de routes et de chemin, de repas sur ta table, de sensuels touchés et de simplicité. Et je te verrais encore discrètement te maquiller devant la glace, quand l’envie te prenait.

Laura pénètre dans la chambre à peu près ordonnée. La chambre 230 est spacieuse et confortable. J’ai déjà ouvert mes stores alors que le jour paresse à se lever. Au dehors, le parc de la clinique bien que paré des couleurs de l’hiver offre un décor apaisant avec son petit kiosque blanc au-devant d’où s’évaporent en danses provocantes les odeurs d’âmes et de tabac des fumées des premières cigarettes.

« Comment allez-vous ce matin Monsieur ? ».

« Ca va très bien et vous-même comment allez-vous ? ».

« Très bien merci ! » me dit-elle pleine d’énergie avec son air rieur. Je prends ma petite bouteille d’eau, elle me tend mon cachet et j’avale, radieux, mon élixir du matin. Laura est déjà de ma chambre sortie. Et je me sens bien.  Me voilà reparti.

Il faisait froid dehors

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Tu étais si Belle dans la pénombre,

Ton corps sinueux et ton âme lascive,

Ton échine courbée prête à serpenter,

Devant mes yeux troublés,

A s’offrir à mes mains,

Partir, frémissante,

En terres inconnues.

Il faisait froid dehors,

Tu avais pris ma main,

Timidement,

Doucement,

Et moi, hésitant,

Encore, pas pour longtemps,

Tu avais ton manteau noir et blanc.

Nos mains se sont serrées,

Nos corps effleurés,

Dans un bar du quartier.

Je t’ai prise dans mes bras,

Pour la première fois,

Tes lèvres délicates,

Attirant mon regard,

Mon désir montant,

Mon cœur s’exaltant,

Tu avais ôté, là,

Ton manteau noir et blanc.

Le bar était bien vide,

Et nos âmes emplies,

De désirs exquis,

Nos corps et cœurs se rapprochant,

Et nos bouches,

Nos regards échangés,

Et nos vies,

Charmées et arrêtées,

Et posé à côté,

Ton manteau noir et blanc.

Quittant l’endroit,

Te raccompagnant,

Par les rues sans détours,

Nous cheminions ensemble,

Vers un peut-être, ou pas,

Vers une première fois ?

Devant l’hôtel stoppant nos pas,

Il faisait froid dehors,

Tu avais ton manteau noir et blanc.

Tes yeux dans les miens,

Et toutes tes attentions,

M’invitaient,

A réchauffer nos corps,

Simplement.

Sentant nos cœurs emballés,

Et nos âmes, troublées,

Je tardais, hésitant,

Saisi par le froid et un désir ardent.

Tu étais devant moi,

Et tu portais sur toi,

Ton manteau noir et blanc.

Nos souffles arrêtés,

Et moi sur le fil tremblant.

Il faisait si froid dehors !

L’ascenseur est monté,

Vers une sublime cime,

Nos cœurs virevoltant,

Il n’y avait plus de mots,

Et nous parlions pourtant,

Nous allions à ta chambre,

Désormais impatients,

Tu portais pour un instant encore.

Ton manteau noir et blanc.

Arrivés au palier,

Un couloir tapissé,

Une porte numérotée,

Comme une ultime étape,

Nous nous tenions,

Nous embrassions,

Amant même avant l’acte.

Toi entrant, reculant,

M’attirant en vertiges enlassants

Ton manteau noir et blanc tombant

La porte se referma,

Et nos corps s’attirant,

Se frôlant sensuellement,

Et nos bouches et nos baisers,

 Langoureux, enivrants,

De nos vêtements, sur le sol tombant,

Il ne restait bientôt,

Que ce morceau de soie,

Tenu par deux nœuds rouges,

Et nos parfums mêlés,

et ta chevelure, belle ondulée.

Nos corps alors ne firent qu’un

Nous nous abandonnions l’un et l’autre

Dans l’ivresse d’un bonheur naissant

Tu étais si belle,

Ton corps si doux

 Tes reins et ta silhouette courbés

Dans la pénombre

Tu étais délicieuse

Et mes mains te prenant,

Nous montions au ciel

Et mes flots en toi jaillissant

Et Sur ton manteau noir et blanc

Reposait quelques rouges morceaux de soie.

Je te serrais fort dans mes bras

Une dernière fois

Et repartais rêveur

Le corps et l’âme réchauffée

Quand bien même, dehors,

Il faisait encore froid,

Ton manteau noir et blanc à terre était posé,

Dans ta chambre et nos rêves et nos destins mêlés.

C’était notre première fois,

Et, passionné par toute ta beauté,

Je n’ai cessé de t’aimer.

Ma couleur

Ma couleur est le rouge,

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Quand sur le pavé battent,

Nos âmes solidaires,

Les cœurs des camarades,

Criant colère,

Chantant justice et liberté

.

Ma couleur est le rouge,

De cette flamme d’espoir,

Jalousement gardée,

S’animant aux mots de lutte,

De Résistance,

Et de Fraternité.

Ma couleur est le rouge,

De nos sangs mêlés,

De nos poings levés,

De nos peurs contenues,

De notre dignité.

Je vis.

Ma couleur est le noir,

Quand nos yeux se ferment et,

Suspendus à nos doigts,

Nos désirs mutuels,

En douces pressions,

Une fine baguette flotte et ondule,

Comme portée par les flots,

Comme soulevée par le vent.

Elle s’élève et danse,

En nos rythmes troublant,

Comme une flamme, vacillant

Rouge, rouge sang.

Ma couleur est le noir,

Quand cheminant dans la nuit,

Je me perds en mirages,

Les yeux à la recherche des crêtes,

L’haleine fumante,

Le rythme des bâtons lents,

Les caresses du vent,

Les pensées arrêtées.

Ma couleur est le noir,

Quand mes paupières lourdes tombent,

Enivré par les parfums d’huiles et d’encens,

De feuilles mortes et humides,

Et de terres fertiles.

Et cette flamme rouge, rouge sang.

Ma couleur est le noir,

Quand je veux partir loin,

En rêves éveillés,

Décider de l’instant,

Oser,

En tout intimité,

Au plus profond de soie.

Ma couleur est le rouge,

Quand ses doigts effleurent ma peau,

Nos regards l’un dans l’autre,

Une baguette ondule,

Suspendue à nos yeux,

Et nos désirs mutuels.

Enivré de douceur et de tant de beauté,

De rêves colorés,

Je ferme les yeux,

Il est tard.

Ma couleur est le noir.

 

Jean-Michel, pour vous, pour toi, mardi 13 décembre 2016

Le commencement

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19 janvier 2016. Arriverais-je un jour à trouver le début de mon histoire ? Il y a toujours un autre commencement qui vient le précéder. Rose n’avait il y a encore un mois aucun visage et à ce jour, je ne sais qui elle est, ni même si elle existe vraiment. Venant à me sauver de l’abîme le dernier jour de l’année, elle s’est emparée d’un corps de femme m’emportant dans ces délices de divine séductrice avant de s’effacer et revenir plus envoûtante encore, habillée d’une nouvelle et exquise peau, son regard me capturant et m’emportant en lames instables contre la roche brodée d’écume. Rose est peut-être l’histoire d’un combat contre moi-même, Rose peut-être me projette-t-elle  dans l’âtre pour, elle, à son tour exister. Pour prendre en moi la place de celle qui fut, qui sera, l’amour d’une vie, qui un jour a gravé ces mots dans mon cœur : « Si tu m’aimes ne viens pas ».

Dans mon histoire, seule la fin est effectivement écrite. Cette fin est un regard porté vers l’horizon.

A l’endroit où je me trouve depuis cinq semaines déjà et que je quitterai après-demain sans doute, des gens viennent reviennent et s’en vont chaque jour, et tissent des liens, se blottissent parfois les uns contre les autres pour se réchauffer et combler leurs failles, et se bravent aussi l’air de rien pour exprimer leur mal. Qui, d’une âme fracassé, qui de celle un peu plus assurée et candidate au départ, se soudent ou se fragilisent à l’envie sans toujours se rendre compte, guidées par leurs seules émotions.

La journée fut difficile. Il est Minuit, le téléphone vibre. Rose m’appelle.